Dans notre zèle de vouloir partager avec vous la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, nous n'avons pas reconnu la valeur de votre spiritualité. Nous avons confondu les mœurs et la culture de l'Occident avec la profondeur, la largeur, la longueur et la hauteur de l'Évangile du Christ... Nous avons essayé de vous façonner à notre image et ce faisant nous avons contribué à détruire cette vision qui faisait de vous précisément ce que vous étiez. Par conséquent, vous et nous sommes tous deux appauvris et l'image du Créateur en nous est déformée, embrouillée et nous ne sommes pas ce que Dieu voudrait que nous soyons. –Excuses de l'Église Unie aux Premières Nations, 1986
Par quels moyens un gouvernement peut-il se faire pardonner son oppression envers ses propres citoyens? Cette question a fait l'objet de nombreuses discussions après les épisodes de violation des droits de la personne et les
à grande échelle. Dans certains cas, comme l'Holocauste, la communauté internationale a mis en place un processus juridique pour traduire les auteurs en justice. À d'autres endroits, comme le Chili, le gouvernement a mis en place des commissions nationales pour enquêter sur les crimes commis par d'anciens dictateurs et offrir réparation aux victimes.
Ce processus, appelé justice transitionnelle, comprend souvent des excuses et des
(le sujet du prochain chapitre). L'objectif de ces éléments de justice transitionnelle est de faire la lumière sur les crimes du passé et, dans certains cas, de condamner les auteurs de ces crimes, mais également d'aider les groupes touchés par le conflit à envisager un avenir plus paisible.
En 1969, le gouvernement Trudeau a annoncé une nouvelle politique connue sous le nom de Livre blanc. (Pour en savoir plus sur la politique, voir le chapitre 8.) La politique visait à mettre fin à tous les
et accords conclus avec les groupes des
au Canada, en commençant par la Proclamation royale de 1763, et d'intégrer les membres de ces groupes en tant que Canadiens ordinaires, en ignorant par le fait même leurs droits reconnus sur le plan juridique à l'autonomie culturelle et à l'auto-gouvernance en vertu des traités et de la Proclamation royale.
Le gouvernement a rapidement fait face à une opposition grandissante envers cette politique et a été forcé de retirer la politique. De plus, dans les années 1970 et au début des années 1980, de nombreux cas de la Cour suprême et accords ont maintenu les droits relatifs aux terres et traités que les Premières Nations avaient signés avec le gouvernement des décennies plus tôt.
Bien que l'Église unie ait été la première à réagir et à s'excuser en 1986 pour son rôle dans la direction des pensionnats, les écoles et leurs effets tragiques sur leurs élèves n'ont pas été reconnus par les principaux acteurs qui les dirigeaient : les ordres catholiques et l'Église anglicane. Ces deux acteurs ont été lents à réagir au mouvement de changement et, préoccupés par les conséquences juridiques et financières de toute admission de tort, ils sont restés silencieux.
Cependant, un témoignage choquant livré en octobre 1990 a brisé le silence qui enveloppait les abus commis dans les pensionnats. Phil Fontaine, alors Grand chef de l'Assemblée des chefs du Manitoba, a décidé de parler de son expérience dans un pensionnat à Fort Alexander. À la télévision nationale, le chef à la voix douce a parlé d'une réunion avec l'Archidiocèse catholique romain de St-Boniface (Manitoba) pendant laquelle il a décrit les abus physiques, psychologiques et sexuels à grande échelle commis dans les pensionnats, et a exigé une enquête exhaustive.
Il a demandé que l'église crée un comité pour enquêter sur les allégations d'inconduite sexuelle de son clergé.
Ce n'était pas la première fois que de telles allégations faisaient surface (le sujet faisait parfois l'objet de discussions dans les conversations privées entre anciens élèves des pensionnats). Mais cette fois, les répercussions étaient différentes. Les médias ont repris l'histoire de M. Fontaine et elle a été présentée dans de nombreux médias importants. Une avalanche de confessions a suivi, et les histoires de plusieurs élèves victimes d'abus, que l'on appelle maintenant des Survivants et
, ont été révélées au grand jour. Les églises ont rapidement été forcées de reconnaître les gestes commis dans le passé. Avec prudence, certains disent même avec réticence, elles ont offert leurs excuses.