L’« accueil » | Facing History & Ourselves
Facing History & Ourselves
This content is currently unpublished
Reading

L’« accueil »

Gilbert Oskaboose raconte l’histoire d’un enfant pris entre les pratiques traditionnelles de son peuple et la culture non autochtone d’un pensionnat autochtone.    
Last Updated:
This resource is intended for educators in Canada who are teaching in French. Cette ressource est destinée aux enseignants en Canada qui enseignent en langue Française.

At a Glance

reading copy
Reading

Language

Also available in:
English — CA
  • Culture & Identity
  • Human & Civil Rights

Le premier jour à ces écoles était parfois particulièrement douloureux, et dans certains cas, presque tragique. L'auteur Gilbert Oskaboose était un élève du pensionnat Garnier dans la ville de Spanish, en Ontario, et il a ensuite été journaliste pour la Première Nation de Serpent River. Le texte qui suit, intitulé « L'accueil » est inspiré de l'histoire personnelle de M. Oskaboose, l'histoire d'un enfant pris entre le mode de vie traditionnel de son peuple et la culture non autochtone. Son récit commence par une rencontre entre Petit Loup et un prêtre catholique. (Les prêtres étaient appelés Robes noires parce qu'ils portaient des soutanes noires.)

Petit Loup l'a vu venir, mais ne pouvait croire ce qui arrivait réellement. La large main poilue de Robe noire a volé dans les airs, a semblé suspendu à mi-chemin en suivant un demi-cercle, puis elle a explosé violemment sur le visage du garçon. Le claque l'a propulsé sur l'extrémité en pierre d'un portail en fer. Étourdi et secoué, il est resté étendu sur le sol, à peine conscient de ses lèvres fendues et du sang salé et chaud qui coulait sur sa toute nouvelle chemise en peau de daim.

« Indian lankquitch iss verbotten! You will not spik hitt again. » (La langue indienne est interdite, tu ne la parleras plus.)

Dans le brouillard de la douleur et de la confusion, une porte se referme et un verrou s'enclenche. Les murs vides deviennent les témoins des sanglots étouffés arrachés à un petit garçon effrayé accroupi dans un coin noir.

À l'automne 1945, accompagné par son père et armé d'une soif brûlante de savoir, le premier-né d'un Chef ojibwé passe fièrement le portail du pensionnat autochtone Garnier du petit village de Spanish, dans le nord de l'Ontario.

Les aînés disent que derrière ce spectaculaire portail, il y a des rangées sans fin de livres, les feuilles parlantes de l'Homme blanc, des pistes d'oiseau sur une chose appelée papier, l'essence de son pouvoir et de sa magie. Derrière ce portail grandiose se trouve les Jésuites, les prêtres « Robes noires » et les gardiens de la foi d'un dieu blanc fâché qui lance des éclairs et donne la variole, et qui réserve les feux de l'enfer à tous ceux qui osent le défier lui ou ses serviteurs.

L'homme de la Baie d'Hudson leur avait dit que la lettre provenant des Grands pères blancs à Ottawa était une invitation pour Petit Loup à étudier la médecine avec les Robes noires. Vraiement, ce n'était pas une chose à prendre à la légère, et ils ont parcouru plusieurs milles dans un léger canot de bouleau et à pied pour cette rencontre avec le destin.

Le père et le fils se sont enlacés pendant un long moment, le garçon enfouissant son visage dans les replis chauds du chandail de lourde laine de son père, qui sentait bon le tabac, le feu de camp et les endroits sauvages qu'ils avaient traversés pendant le voyage. C'est son père qui a brisé l'étreinte en premier, se retournant et cherchant dans ses poches la lettre que Petit loup devait remettre au directeur.

« Sois un bon garçon maintenant »... les syllabes ojibwées ont caressé ses oreilles pour la dernière fois. « Les Blancs sont comme les oies qui noircissent le ciel avant les vents de l'hiver et ils sont nombreux... notre peuple est comme les feuilles mortes... peu nombreux et éparpillé. Le Cercle est brisé; l'Espoir sacré est détruit. Peut-être que les Robes noires auront pitié de nous et t’enseigneront une cure. »

Petit loup est resté sur place et a regardé son père se retourner et partir. Il est resté sans bouger, rempli d'anticipation et d'un peu de peur, peut-être, à l'idée de sonner la grande cloche de l'admission dans cet endroit étrange et merveilleux.

Les échos s'étaient lentement éteints lorsqu'un homme grand aux cheveux gris vêtu de la longue robe noire de l'ordre des Jésuites a descendu les escaliers et s'est avancé vers le garçon.

Assurément, un homme aussi bien vêtu devait être le directeur ou même un chef des Robes noires. C'était bon signe. C'était bien et approprié qu'un chef accueille le fils d'un autre chef.

Ne souhaitant pas lui montrer ses petites peurs, ni montrer qu'il était fébrile de rencontrer un saint homme, Petit Loup a fait un pas en avant, et en prenant sa voix cérémoniale la plus solennelle, a prononcé la salutation ojibwée traditionnelle pour les étrangers.

La main poilue de Robe noire a volé dans les airs... 1

Questions de mise en relation

  1. Quelles étaient les attentes de Petit Loup et de son père par rapport à l'école? Comment Petit Loup se sentait-il lorsqu'il est arrivé au pensionnat Garnier?
  2. Quel type « d'accueil » Petit Loup a-t-il reçu? Pourquoi? Qu'est-ce qui justifie une telle brutalité? Comment pouvez-vous réconcilier la violence avec les objectifs énoncés du pensionnat dans les dernières lectures du chapitre 3?
  3. Le père de M. Oskaboose a dit : « Les Blancs sont comme les oies qui noircissent le ciel avant les vents de l'hiver et ils sont nombreux... notre peuple est comme les feuilles mortes... peu nombreux et éparpillé. Le Cercle est brisé; l'Espoir sacré est détruit. Peut-être que les Robes noires auront pitié de nous et t’enseigneront une cure ». Comment interprétez-vous ce message? Quel type de médecine Petit Loup s'attendait-il à apprendre?
  • 1Gilbert Oskaboose, « The Welcome » Toronto Star, 18 juillet 1988.

How to Cite This Reading

Facing History & Ourselves, "L’« accueil »," last updated October 29, 2019.

You might also be interested in…

Using the strategies from Facing History is almost like an awakening.
— Claudia Bautista, Santa Monica, Calif