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L’antisémitisme dans les universités américaines

Lire un rapport qui fait la lumière sur la persistance de l'antisémitisme sur les campus universitaires aux États-Unis.
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  • Antisémitisme

En procédant à une enquête démographique nationale auprès des étudiants juifs dans les universités américaines, les chercheurs Barry Kosmin et Ariela Keyser ne pensaient pas se livrer à une exploration approfondie de l’antisémitisme. Leur questionnaire touchait à un grand nombre de sujets, aussi ont-ils été très surpris de voir la majorité des étudiants juifs interrogés (54 %) déclarer qu’ils avaient été soit la cible soit le témoin d’actes antisémites au sein de leur université. Le rapport de Kosmin et Keyser, qui concerne l’année académique 2013-2014, témoigne de la persistance de l’antisémitisme et des multiples formes que celui-ci peut revêtir. 1 Il révèle aussi que le problème existe partout aux Etats-Unis.

L’antisémitisme se caractérise par une discrimination ou des préjugés envers les Juifs, pris individuellement ou collectivement. Ces préjugés émanent d’un sentiment de haine à leur égard à cause de leur religion, de leur appartenance ethnique, de leurs ancêtres ou de leur appartenance à un groupe déterminé. 

L’antisémitisme présuppose que les Juifs ont certaines caractéristiques communes et qu’ils pensent et agissent de manière spéciale ou « différente ». Il se manifeste de diverses façons, en paroles, en idées ou en actes, sous forme de sectarisme, de harcèlement, de diffamation, de stéréotypes, de crimes racistes, de préjugés négatifs, ou en les désignant comme boucs émissaires. Au cours de sa longue histoire, l’antisémitisme a servi de prétexte pour accuser les Juifs de toutes sortes de maux. Aussi a-t-il a un large répertoire à sa disposition et fait-il appel à des tropes profondément enracinés et parfois contradictoires. Par exemple : les Juifs sont matérialistes, avares, avides, habiles financiers ; ils contrôlent les médias, les banques, le gouvernement et complotent pour arriver à la domination du monde ; ils sont tous communistes ; ils sont tous capitalistes ; ils ont commis un déicide ; ils se croient élus et meilleurs que les autres ; ils sont inférieurs, manquent de patriotisme, sont déloyaux ; ils sont cruels, lâches, bellicistes. A cause de cette litanie de défauts soi-disant innés, les antisémites estiment que les Juifs ne méritent pas la même considération ni ne bénéficient des mêmes droits que les autres peuples, y compris le droit à l’autodétermination.

...Pour beaucoup de gens, le terme « antisémitisme » conjure l’image d’actes violents et incendiaires commis par des extrémistes, des néo-nazis ou d’irrémédiables bigots. En d’autres termes, les crimes d’individus brûlant de haine qui adhèrent à des idéologies comme le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et autres fanatismes. Il n’est pas surprenant que tant de gens aient une telle image des crimes de haine, étant donné la tendance des médias à ne parler que des incidents graves, voire extrêmes, comme pour la plupart des crimes d’ailleurs. Cette attitude serait plus crédible si les incidents « antisémites » étaient réellement le fait « d’extrémistes ». Nos données laissent à penser que tel n’est pas le cas. Les incidents antisémites que nous ont rapportés les étudiants juifs se produisent au contraire dans la vie quotidienne tout autant qu’à cause d’un extrémisme politique. Mais la photo d’un swastika se vend mieux que toute autre forme d’activité antisémite, surtout aux yeux des médias. En bref, c’est le côté spectaculaire de l’extrémisme qui fait qu’on en parle, et cela vaut pour les chercheurs comme pour les journalistes. 

…La plupart des méfaits rapportés par les étudiants juifs peuvent être considérés comme des offenses « légères » (insultes, pamphlets hostiles, railleries, dégâts infligés à des biens appartenant à des organisations juives ou sponsorisés par celles-ci, affiches, graffitis ou vols.) Cependant, il est nécessaire de replacer le caractère quotidien, opportuniste et indirect de la plupart de ces incidents dans le contexte social plus large de la vie universitaire. Ces offenses « ordinaires » ont un impact énorme sur la réalité quotidienne juive dans les universités et influent sur le climat qui y règne aujourd’hui. Elles paraissent certainement créer un douloureux sentiment d’injustice chez les étudiants juifs, dont beaucoup pensent qu’il est devenu socialement acceptable de les provoquer ou les dénigrer. 

Il est important de laisser ceux qui se sentent lésés ou blessés juger de l’importance du tort qui leur a été causé. L’antisémitisme n’est pas un problème juif en soi, c’est un problème de société. Mais c’est aux Juifs de décider s’il est présent et de juger de son degré de sévérité. On peut convenir que la plupart d’entre eux ont des antennes particulièrement sensibles à cet égard, une compréhension de la chose ancrée dans des souvenirs douloureux et une conscience historique plus vive que la plupart des non-Juifs.

Avez-vous été le témoin ou la victime d’actes antisémites ? 2

Étudiants juifs, États-Unis ; 2014

  • Oui: 54%
  • Non: 46%

Étudiants juifs, Royaume-Uni ; 2011

  • Oui: 51%
  • Non: 49%

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— Claudia Bautista, Santa Monica, Calif