Le journal de Peter Feigl sur la vie au Chambon-sur-Lignon, janvier 1943 | Facing History & Ourselves
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Le journal de Peter Feigl sur la vie au Chambon-sur-Lignon, janvier 1943

Extrait du journal de Peter Feigl de janvier 1943, dans lequel il décrit son arrivée et sa vie à Chambon-sur-Lignon.
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French — FR
  • Histoire de la Shoah

Extraits du journal de Peter Feigl de janvier 1943, dans lesquels il décrit son arrivée et sa vie au Chambon-sur-Lignon. 

Vendredi 15 janvier 1943 

On nous a dit que nous devrions sortir dans deux ou trois jours. À mon retour de Marseille à midi, Mme B. m’a dit qu’elle avait reçu un télégramme de M. Trocmé. Il a un poste vacant et m’attend dès que possible. Encore une fois, j’ai de la chance. J’ai rapidement fait mes valises pour pouvoir partir tôt samedi à 7h20. Au même moment, la chose de l’UGIF [Union Générale des Israelites de France] est arrivée. 

Samedi 16 janvier 1943 [Le Chambon sur Lignon] 

J’ai pris congé, j’ai pris le premier tramway à 6 heures du matin et à 7h20 je suis parti à bord de l’express Marseille-Paris (voyage = changement de train, bus, mauvais [endroit ?], pont de Lavoulte, téléphone, train rapide, train local Cheylard, Saint-Agrève). Je suis arrivé à Saint-Agrève à 23h49. Le train n’est pas allé plus loin. 

M. Trocmé est venu à bicyclette pour me rencontrer (un homme encore jeune, et très gentil). Ensuite, nous devions encore parcourir quinze kilomètres dans la neige par une nuit au clair de lune. Nous sommes arrivés aux Grillons à 2h30 du matin. Nous y avons mangé quelque chose de chaud et puis je suis allé dormir dans l’annexe (j’ai seulement vu M. T) 

Dimanche 17 janvier 1943 

Je me suis levé à neuf heures du matin et je me suis peu à peu familiarisé avec la cuisine. C’était vraiment très beau et très propre. Plus tard, je suis allé voir Amédée, le garçon qui devait venir avec moi. 

J’ai joué et j’ai beaucoup pensé à toi. Il y a des enfants ici dans diverses situations (certains comme moi). [Ici, Peter a dessiné un cœur dans l’original.] 

Lundi 18 janvier 1943 

M. T [Trocmé] nous a donné des manuels scolaires et des cahiers. Demain, nous irons à l’école. J’ai changé de chambre et je dors maintenant au premier étage.

Mardi 19 janvier 1943 

Aujourd’hui, je suis allé à l’école pour la première fois. Chaque jour, nous devons parcourir douze kilomètres dans la neige. Il fait beaucoup plus froid ici qu’à Marseille. Je suis en cinquième, mais je ne fais pas de latin. Je suis arrivé ici un trimestre trop tard. 

Mercredi 20 janvier 1943 

Je vais à l’école. Souvent je pense à toi. J’ai trouvé un Autrichien avec qui je m’entends bien et qui parle allemand. Il s’appelle Kurt Grossman. Sa mère a disparu, comme toi. Son père [est] à Gurs [le camp d’internement français]. Plus tard, M. T est parti pour Vichy, où il a [des contacts], et son père a été libéré en une semaine ! Chanceux ! Chanceux ! 

Vendredi 22 janvier 1943 

L’UGIF m’envoie maintenant trois cents francs par mois. Monsieur T. les prend cependant. 

Dimanche 31 janvier 1943 

Encore un mois qui commence et je suis toujours sans nouvelles de toi.

 

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— Gabriela Calderon-Espinal, Bay Shore, NY