Le rôle des églises | Facing History & Ourselves
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Le rôle des églises

Learn about the Catholic and Anglican churches' role in propagating residential schools throughout Canada. 
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This resource is intended for educators in Canada who are teaching in French. Cette ressource est destinée aux enseignants en Canada qui enseignent en langue Française.

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  • Genocide

Les dénominations chrétiennes favorisaient les écoles résidentielles ou les pensionnats par rapport au modèle des  écoles de jour  (bien qu'ils exploitent plusieurs écoles de jour sur les réserves). Reconnaissant le besoin urgent d'aider les Peuples Autochtones à composer avec la destruction de leur mode de vie, J. N. Poitras, un prêtre oblat, a déclaré :

« Permettez de moi de dire que la chasse est une chose du passé pour les bandes de [mon district]. C'est un fait prouvé par l'expérience que partout où l'homme blanc a pénétré, les animaux à fourrure ont été assiégés par les bûcherons, les prospecteurs, les mineurs, les colons, etc., qui ont détruit les terres de chasse des Indiens qui... doivent avoir recours à d'autres moyens que la chasse pour subvenir aux besoins de leur famille. Ce sera encore plus le cas en raison de la pénétration croissante. Ils devront gagner leur vie, comme les blancs; ils doivent être prêts à cela et être formés dès la naissance. Cette formation, ils la reçoivent dans nos écoles industrielles et nos pensionnats, nulle part ailleurs. » 1

En effet, de la même façon qu'elles ont travaillé pour convertir les peuples colonisés de l'Afrique, de l'Inde et des autres colonies, les églises européennes ont également envoyé des missionnaires pour christianiser, former et éduquer les Peuples Autochtones dans ce qui allait devenir le Canada. Certains missionnaires ont fait des pieds et des mains pour aider les communautés autochtones dans le besoin, bien qu'ils l'aient fait dans un effort pour convertir ces communautés à leur propre dénomination du christianisme. Cela impliquait de nier la culture, la spiritualité et les traditions autochtones. Une directive au personnel des pensionnats en Nouvelle-Écosse témoigne des valeurs occidentales que les écoles devaient enseigner :

Au primaire, il faut inculquer l'obéissance, le respect, l'ordre, la gentillesse et la propreté. Les élèves doivent faire la différence entre le bien et le mal, et faire preuve d'honnêteté et d'esprit sportif. À mesure que les élèves poursuivent leur éducation, il faut leur inculquer en suivant le plus possible l'ordre mentionné, les valeurs d'indépendance, de respect de soi, de travail, d'honnêteté, d'économie, de subsistance, de citoyenneté... Parlez de la charité, du paupérisme, de la vie des Indiens et des blancs, des méfaits de l'isolement des Indiens, et de l'émancipation. Expliquez la relation entre les sexes par rapport au travail, aux tâches ménagères et publiques, et au travail en tant que loi de l'existence. 2

Pour tous les intervenants, il n'y avait pas de différence entre la civilisation et la christianisation; ces deux missions n'en formaient qu'une. Dès 1852, le Révérend Samuel Rose, directeur du pensionnat autochtone de Mt. Elgin à ce moment, explique :

Je vois [l'éducation de ces] jeunes autochtones comme un travail ayant un caractère peu ordinaire; une éducation d'une importance solennelle pour son lien avec l'avenir, avec les moments à venir... Ces jeunes formeront la classe dont les histoires constitueront une époque de la plus haute importance dans l'histoire des nations à laquelle ils appartiennent... Cette classe donnera naissance à une génération, qui perpétuera les us et coutumes de ses ancêtres, ou qui sera intellectuellement, moralement et religieusement élevée, prendra sa place au sein des nations améliorées et intelligentes de la terre, sa place dans le grand théâtre du monde; ou encore, si elle ne souhaite pas obtenir les compétences nécessaires pour prendre sa place et faire sa part, sera rejetée et poussée hors de la scène et disparaîtra! 3

Dans la même veine, un mémoire à la Convention des directeurs catholiques de 1924 l'exprime de cette façon :

Toutes les véritables civilisations doivent être fondées sur le droit moral, que seule la religion chrétienne peut offrir. La superstition païenne ne peut pas suffire...à pousser les Indiens à pratiquer les vertus de notre civilisation et à éviter les vices qui y sont liés. Plusieurs personnes souhaitent que nous approuvions les danses des Indiens et leurs festivals; mais leurs habitudes, qui sont le résultat d'un mode de vie libre et gratuit, ne sont pas compatibles avec la lutte intense pour la vie que notre condition sociale exige. 4

Les églises catholique romaine et anglicane exploitaient la majorité des pensionnats même avant que la Loi sur les Indiens ne fasse de ces écoles la politique officielle du gouvernement. Ces églises dirigeaient les deux plus grandes organisations religieuses derrière les pensionnats : les missionnaires oblats de Marie-Immaculée (église catholique romaine) et la Church Missionary Society of the Anglican Church (l'Église d'Angleterre). En tout, le diocèse catholique romain gérait jusqu'à 60 % des écoles, et l'Église anglicane en gérait 25 %. La plus grande partie du reste était gérée par l'Église Unie du Canada (créée en 1925 lors de la fusion de nombreuses dénominations protestantes, notamment les presbytériens, les méthodistes et d'autres dénominations plus petites). 5

Pour le meilleur et pour le pire, la contribution des églises a été très importante. Dans certains cas, les pensionnats provenaient des orphelinats et des écoles de jour créés par ces ordres ou par des femmes qui se joignaient à la mission. De plus, de nombreux ordres religieux féminins fournissaient des enseignantes, des religieuses, des infirmières et des administratrices à mesure que le système se développait. 6  Mais après les premières décennies du 20ème siècle, dans leur zèle de christianisation, les églises se sont fait la concurrence pour les élèves et ont continué à exploiter le système de pensionnats autochtones longtemps après que le gouvernement eut commencé à réaliser qu'il n'atteignait pas ses objectifs. 7  Les préjugés contre le mode de vie autochtone et un sentiment de supériorité culturelle ont fini par retourner les dirigeants de ces écoles contre leurs élèves et ont mis la table pour l'expérience traumatisante d'humiliation, de négligence et de rejet des cultures autochtones. 8  

Toutefois, la mission religieuse, aux intentions bienveillantes, était seulement une partie de la vision des églises. Un rapport de 2012 de la  Commission de vérité et réconciliation  explique le rôle compliqué des églises de la façon suivante :

Pour les missionnaires tant catholiques que protestants, les croyances spirituelles autochtones n’étaient guère plus que de la superstition et de la sorcellerie. En Colombie-Britannique, William Duncan de la Church Missionary Society déclarait : « Je ne pourrais mieux décrire les conditions de vie de ces gens qu’en les qualifiant de païennes et de sauvages ». Ce sont les missionnaires qui ont été les fers de lance de la campagne visant à interdire aux Indiens de participer à certaines cérémonies sacrées telles que la cérémonie du potlatch sur la côte ouest et celle de la danse du soleil dans les Prairies. Ainsi, en Colombie-Britannique, en 1884, les missionnaires catholiques romains militèrent en vue de faire interdire la cérémonie du potlatch en disant que nombre des familles qui y participaient en étaient tellement appauvries qu’elles devaient retirer leurs enfants de l’école afin qu’ils les accompagnent en plein hiver pour les aider à trouver de la nourriture. Tout en étant, d'un côté, engagés dans une guerre contre la culture autochtone, de l’autre, les missionnaires intervenaient souvent afin de protéger et de promouvoir les intérêts des Autochtones dans le cadre de leurs tractations avec le gouvernement et les colons. Nombre d’entre eux apprirent des langues autochtones et célébraient les cérémonies religieuses dans ces langues dans les pensionnats. Ces efforts furent bien récompensés : selon le recensement de 1899, 70 000 des 100 000 Indiens du Canada se disaient chrétiens. 9

Nous explorerons davantage l'impact des églises plus loin dans cette ressource. Mais l'on ne peut pas nier que les églises ont eu une profonde influence sur les communautés autochtones et leurs membres.

  • écoles de jourécoles de jour : En plus des pensionnats et des écoles industrielles, les écoles de jour faisaient partie du système de pensionnats pour les enfants autochtones au Canada. Souvent situées sur les réserves, ces écoles ont accueilli environ les deux tiers des élèves autochtones tout au long de l'histoire du système. Elles étaient dirigées par les autorités municipales et les églises, et elles visaient les mêmes buts que les pensionnats autochtones, soit la christianisation et l'assimilation. De nombreux problèmes et abus relevés dans les pensionnats étaient également le lot des écoles de jour.
  • 1Cité dans Donald J. Auger, Indian Residential Schools in Ontario (N.P.: Nishnawbe Aski Nation, 2005), 9.
  • 2Directive aux enseignants imprimée sur le registre des pensionnats, citée dans Isabelle Knockwood, Out of the Depths: The Experiences of Mi’Kmaw Children at the Indian Residential School at Shubenacadie, Nova Scotia (Lockport: Roseway Publishing, 1994), 47.
  • 3Réverend Rose Report, 1852, dans Elizabeth Graham, éd., The Mush Hole: Life at Two Indian Residential Schools (Ontario: Heffle Publishing, 1997), 230. Italiques ajoutés.
  • 4Memorandum of the Convention of the Catholic Principals of Indian Residential Schools, Lebert, Saskatchewan, Août 28–29, 1924.
  • 5Commission de vérité et réconciliation du Canada, Ils sont venus pour les enfants, 15.
  • 6Rita McGuire, « The Grey Sisters in the Red River Settlement, 1844–1870 », Historical Studies 53 (1986), 26.
  • 7James R. Miller, Shingwauk’s Vision: A History of Native Residential Schools (Toronto: University of Toronto Press, 2009), 130–33.
  • 8Commission de vérité et réconciliation du Canada, Ils sont venus pour les enfants, 15.
  • Commission de vérité et réconciliationCommission de vérité et réconciliation : Les commissions de vérité et réconciliation sont devenues courantes depuis les années 1970. Elles sont le reflet d'une tendance mondiale à accorder une plus grande attention aux violations de masse des droits de la personne. La plus grande partie du travail d'une commission est axée sur les crimes commis par un gouvernement contre ses propres citoyens. Depuis les années 1970, il y a eu au moins 40 commissions de vérité et réconciliation dans le monde, et certaines sont encore actives aujourd'hui. Les commissions de vérité comportent un processus multidimensionnel conçu pour aider les victimes à surmonter l'injustice et le traumatisme historiques et à se réconcilier avec les personnes qui leur ont fait du mal. Faisant partie de ce que les experts appellent la justice transitionnelle, les commissions de vérité et réconciliation comprennent habituellement des éléments de recherche de la vérité, de justice et de réconciliation. Établie en vertu de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, la Commission du Canada a commencé à recueillir les témoignages des Survivants et des Survivantes et l'information historique connexe en 2010. Dans un effort pour rendre cette information publique, les archives de la Commission ont été ouvertes en 2014. La Commission de vérité et réconciliation du Canada a publié son rapport final, Honorer la vérité, réconcilier pour l'avenir, le 3 juin 2015.
  • 9Commission de vérité et réconciliation du Canada, Ils sont venus pour les enfants, 15.

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— Gabriela Calderon-Espinal, Bay Shore, NY