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L'époque des droits?

Le mouvement anticolonial prenait de l'ampleur dans le monde, et avec la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948 par les Nations unies nouvellement constituées, plusieurs personnes ont tourné leur attention sur les droits des peuples colonisés à l'échelle mondiale. 
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  • Genocide

La Seconde Guerre mondiale a sensibilisé le monde aux droits de la personne. Après l'étalement au grand jour des horreurs de l'Holocauste, peu de gens pouvaient nier les dangers du racisme. Le mouvement anticolonial prenait de l'ampleur dans le monde, et avec la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948 par les Nations unies nouvellement constituées, plusieurs personnes ont tourné leur attention sur les droits des peuples colonisés à l'échelle mondiale. En Afrique, en Asie et dans les Amériques, des mouvements de libération ont contribué à rendre public le sort de millions de personnes sous le joug du colonialisme européen.

Au Canada, l'expérience de la Seconde Guerre mondiale a troublé plusieurs personnes, notamment en raison de deux enjeux : les gens étaient alarmés par les atrocités des Allemands, mais étaient également désormais conscients des injustices non résolues commises contre les Peuples Autochtones. Plusieurs soldats autochtones se sont portés volontaires, ils n'avaient pas à être conscrits, pour participer à la guerre afin de se libérer de l'oppression, du racisme et de la discrimination. Ce fait apporte une nouvelle lumière sur l'histoire sombre des relations entre les Canadiens et les Autochtones. « Les soldats autochtones revenant à la vie civile, écrivent Alan McMillan et Eldon Yellowhorn, ont rapporté avec eux de nouvelles idées sur leur relation avec leur pays : leur expérience les avait convaincus que des choses n'étaient pas réglées entre le Canada et les Autochtones. » 1

Peu après la Seconde Guerre mondiale, un comité spécial conjoint de la Chambre des communes et du Sénat a commencé à examiner la situation des 78 pensionnats du Canada et à présenter ses conclusions en 1948. Il devait faire face à une nouvelle réalité : la population autochtone augmentait. 2  En raison de l'augmentation des coûts, le rapport de 1948 demandait l'abolition des pensionnats une fois pour toutes et l'intégration des Autochtones dans les écoles provinciales régulières. Pendant les prochaines décennies, l'intégration est devenue la principale politique du gouvernement.

Les leaders autochtones étaient sceptiques par rapport à l'idée de l'intégration. Chef Dan George a déclaré en 1972, « Vous faites grand bruit de l'intégration dans les écoles. Existe-t-elle réellement? Pouvons-nous parler d'intégration avant l'intégration sociale... à moins qu'il n'y ait une intégration des cœurs et des esprits, vous avez seulement une présence physique... et les murs sont aussi hauts que les chaînes de montagnes ». 3

En effet, les critiques ont rapidement souligné que bien que l'intégration parût mieux que l'idée d'assimilation sur papier, les deux idées étaient assez semblables en pratique. Une politique d'intégration était tout aussi susceptible d'ignorer les traditions et la culture autochtones et de forcer les Peuples Autochtones à accepter les normes, les valeurs et les langues européennes. Une différence importante est apparue : les parents et les autres membres de la communauté étaient maintenant invités à participer à l'éducation de leurs enfants. En ce sens, le gouvernement avait remplacé la politique d'assimilation agressive abordée précédemment par un type plus doux d'assimilation; toutefois, les deux approches avaient le même but. 4  Même avec ces changements, le système des pensionnats s'est accroché, à moitié en vie, à moitié morte. Ce n'est qu'en 1969 que le gouvernement a retiré les écoles de l'autorité opérationnelle des églises. Il a fallu attendre encore 25 ans avant la fermeture du dernier pensionnat.

La période entourant le 100ème anniversaire du Canada en 1967 a été déterminante. Lorsque le premier ministre Pierre Trudeau a pris le pouvoir en 1968, il a ordonné à Jean Chrétien, son ministre des Affaires indiennes et futur premier ministre, de réviser la Loi sur les Indiens. Le résultat a été le Livre blanc de 1969 (énoncé de politique). 5

Ignorant les autres suggestions axées sur le fait d'aborder l'héritage du colonialisme en accordant une attention particulière aux Peuples Autochtones en tant que groupe, le gouvernement était prêt à lancer une autre politique d'intégration complète. 6  Malgré le discours (juridique) sur l'égalité, pour les leaders autochtones, cette politique ressemble en tout point aux vieux programmes d'assimilation. Le Livre blanc de 1969 recommandait l'abolition de la désignation d'Indien inscrit et l'abolition graduelle de toutes les protections et dispositions gouvernementales destinées aux Peuples Autochtones, y compris la Loi sur les Indiens, ainsi que d'autres droits autochtones. Le document affirme : « Le Gouvernement estime qu'il y a lieu de mettre à leur disposition des services sur une base équitable - sous réserve de distinctions provisoires fondées sur les besoins. Il ne faut pas que les services viennent d'institutions spéciales établies à l'attention de groupes en particulier, surtout pas à l'attention de groupes qui se distinguent par leur caractère ethnique. Tous les Indiens, sans exception, doivent avoir accès aux programmes et aux services dispensés par tous les niveaux du gouvernement, au même titre que tous les autres Canadiens... » 7  Pendant une courte période, le premier ministre Trudeau a adopté la vision du Livre blanc avec un grand enthousiasme. 8

 

  • 1Alan D. McMillan and Eldon Yellowhorn, First Peoples in Canada (Madeira Park, BC: Douglas and McIntyre, 2013), 322.
  • 2John Milloy, « Le colonialisme selon la Loi sur les Indiens : un siècle de déshonneur, 1869–1969 », Centre national pour la gouvernance des Premières Nations, 2008, consulté le 8 mai 2015.
  • 3Chef Dan George, tiré de son solliloque « A Talk to Teachers » cité dans Verna J. Kirkness, « Aboriginal Education in Canada: A Retrospective and a Prospective » Journal of American Indian Education 39 (1999), 7.
  • 4Eric Taylor Woods, The Anglican Church of Canada and the Indian Residential Schools: A Meaning-Centred Analysis of the Long Road to Apology (dissertation, London School of Economics, 2012), 63–64.
  • 5Pour consulter le texte complet du document, voir La politique indienne du gouvernement du Canada (Livre blanc sur la politique indienne, 1969), site Web d'Affaires autochtones et du Nord Canada.
  • 6Deux ans plus tôt, l'anthropologue Harry B. Hawthorn avait publié un rapport critique qui recommandait l'abolition des pensionnats et la désignation des Peuples Autochtones en tant que « citoyens privilégiés » pour aborder les injustices passées. Voir Harry B. Hawthorn, Étude sur les Indiens contemporains du Canada : besoins et mesures d'ordre économique, politique et éducatif, Parties 1 et 2, 1966–67, site Web d'Affaires autochtones et du Nord Canada, consulté le 11 septembre 2014.
  • 7La politique indienne du gouvernement du Canada (Le Livre blanc, 1969).
  • 8Eric Taylor Woods, The Anglican Church of Canada and the Indian Residential Schools, 70.

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— Claudia Bautista, Santa Monica, Calif