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Les excuses

Learn about the public apologies issued by several churches in the years following critical reports and testimony from residential school survivors.
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  • Genocide

Comme nous l'avons noté, les critiques du colonialisme et plus particulièrement des pensionnats ont atteint de nouveaux sommets pendant la période entourant le 100ème anniversaire du Canada. L'Église anglicane a été mise sur la sellette en raison de son association avec les élites coloniales et de son rôle dans les pensionnats. En 1969, un livre écrit par le sociologue George Caldwell a critiqué, en termes clairs, le fonctionnement des neuf pensionnats de la Saskatchewan. Les critiques sévères ont fait écho aux nombreuses critiques antérieures : M. Caldwell affirmait que les élèves qui sont revenus des pensionnats dans leur communauté ne pouvaient pas réconcilier la « culture euro-canadienne dans laquelle ils avaient été socialisés avec la culture autochtone dans laquelle ils se trouvaient maintenant ». 1  Pas tout à fait Euro-canadiens ni entièrement intégrés dans la culture autochtone, ils étaient laissés à eux-mêmes, marginalisés, souvent sans emploi, et exposés à une vie de crime et d'alcoolisme. 2  La situation empirait toujours plus au lieu de s'améliorer. 3  Bien qu'elle fût la cible de critiques répandues, l'Église anglicane du Canada n'a pas réagi.

Cependant, les choses changeaient au sein de l'Église anglicane. En 1967, elle a mandaté Charles Hendry pour rédiger un rapport examinant directement ses pensionnats. Lorsque M. Hendry a présenté son rapport en 1969, l'Église a accepté ses critiques. Intitulé Beyond the Trapline, le rapport de M. Hendry a clairement indiqué que les politiques éducatives d'assimilation et de conversion de l'Église anglicane « ont écrasé la culture et l'organisation sociale autochtones ». 4
De plus, M. Hendry a affirmé que :

Les Indiens et les Eskimos font face à une situation totalement créée par deux siècles d'exploitation, de discrimination, de paternalisme et de négligence. Ils ont hérité d'un monde que leurs pères n'ont pas construit, sans pouvoir le changer au profit de leurs enfants. Le conquérant blanc a recherché son propre profit et son propre pouvoir. Les Indiens ont été mis de côté. 5

Après avoir accepté le rapport Hendry, l'Église anglicane, qui était souvent critiquée pour son arrogance culturelle, a commencé à présenter des réparations. Elle a commencé à participer de plus en plus à l'activisme autochtone, fait front commun avec leurs revendications concernant les terres et les  traités , et contribué aux efforts de développement communautaire. La nouvelle atmosphère critique au sein de l'Église a entraîné une plus grande acceptation de la culture autochtone et une visibilité accrue pour les croyants autochtones dans l'Église. 6

Une telle attention accordée à l'implication des églises dans les pensionnats s'inscrivait dans la sensibilisation croissante à la mondialisation, au multiculturalisme et au pluralisme en général. Ainsi, lors d'une journée ordinaire de 1981, l'activiste autochtone Alberta Billy s'est levée et a dit à l'exécutif du Conseil général de l'Église Unie : « L'Église Unie doit des excuses aux Peuples Autochtones du Canada pour ce qu'elle leur a fait dans les pensionnats. » 7  La surprise était totale et les membres du conseil étaient sans voix. Mais cinq ans plus tard, le Rt. Révérend Robert Smith a offert des excuses au nom de l'Église Unie (voir ci-dessous). L'Église Unie a été formée en 1925 avec le regroupement des églises congrégationaliste, méthodiste et presbytérienne. Elle a supervisé l'exploitation de 13 à 15 pensionnats, soit environ 10 % du nombre total de pensionnats. En 1986, l'Église a présenté les premières de plusieurs excuses.

Toutefois, le gouvernement et les principales églises n'ont pas bougé. Craignant que des excuses soient perçues comme une admission de responsabilité et mènent à des poursuites importantes, ils ont choisi de ne rien faire. Le manque d'intérêt ou de connaissances du public a permis la poursuite de cette inaction jusqu'à ce qu'un témoignage choquant fait en octobre 1990 brise le silence. Lorsque l'archidiocèse catholique romain de St-Boniface (Manitoba) a créé un comité pour enquêter sur des allégations d'inconduite sexuelle par son clergé, Phil Fontaine, alors dirigeant de l'Assemblée des chefs du Manitoba, a décidé de parler de son expérience dans le pensionnat de Fort Alexander. 8  À la télévision nationale, le chef charismatique à la voix douce a parlé ouvertement des renseignements qu'il avait donnés aux autorités de l'église à Winnipeg. Devant des millions de téléspectateurs, il a décrit les abus physiques, psychologiques et sexuels à grande échelle commis dans les pensionnats, et a exigé une enquête exhaustive. M. Fontaine a reconnu que le châtiment corporel était largement utilisé sur plusieurs enfants et jeunes à cette époque; au même moment, il a affirmé que les Autochtones ont subi des violences à un autre niveau. M. Fontaine et d'autres estimaient que puisque c'étaient les membres du clergé qui pratiquaient des abus, il s'agissait d'une affaire privée; cela est devenu une norme socialement acceptable, sanctionnée par la plus haute autorité. 9  Lorsque de tels abus deviennent la norme, les victimes ne peuvent se tourner vers personne, et qui plus est, il n'y a pas de crime à signaler, car un tel comportement est accepté comme normal.

Le témoignage de M. Fontaine n'était pas la première fois que de telles allégations faisaient surface et, bien entendu, ces allégations n'étaient pas un secret dans les conversations privées entre anciens élèves des pensionnats. Mais cette fois, le témoignage a été reçu différemment. Les médias l'ont noté, et l'histoire de M. Fontaine a été reprise dans tous les grands médias. 10  Une avalanche de confessions a suivi, et les histoires de plusieurs élèves victimes d'abus, que l'on appelle maintenant des Survivants et des Survivantes, ont été révélées au grand jour. Le terme «  Survivants  » a été emprunté à des chercheurs de l'Holocauste et a été utilisé pour désigner le traumatisme catastrophique subi par les élèves des pensionnats. 11  Les histoires de châtiment corporel, de chocs électriques, d'exploitation des enfants et d'agression sexuelle ont rempli les ondes, fournissant amplement de preuves sur des choses qui, jusque-là, ne constituaient que des rumeurs ou n'étaient discutées que derrière des portes closes.

Après ce témoignage, il y a eu une série d'excuses des différentes églises impliquées dans les pensionnats. La Conférence oblate du Canada a présenté des excuses publiques en 1991, limitées aux « 1200 Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée vivant et exerçant leur ministère au Canada ». 12  Deux ans plus tard, en 1993, Michael Peers, alors primat de l'Église anglicane, a présenté ces excuses de l'Église devant la National Native Convocation à Minaki en Ontario. Après les excuses anglicanes, l'Église presbytérienne a présenté les siennes en 1994, et l'Église Unie a suivi en 1998. Finalement, en avril 2009, Phil Fontaine, alors chef de l'Assemblée des Premières Nations, a accepté une invitation du pape Benoît XVI pour recevoir les excuses officielles du Vatican. Après la rencontre, le pape a publié une déclaration indiquant que « le Saint-Père a exprimé son chagrin pour l'angoisse provoquée par la conduite déplorable de certains membres de l'Église et il a offert sa sympathie et sa solidarité dans la prière. » 13 De nombreux Survivants et Survivantes continuent d'espérer que l'Église catholique offre des excuses plus complètes, bien que certains diocèses soient profondément engagés avec les communautés autochtones dans un travail de réconciliation et de pardon. 14

  • 1Cité dans Eric Taylor Woods, The Anglican Church of Canada and the Indian Residential Schools, 113; voir également James R. Miller, Shingwauk’s Vision, 2009), 386.
  • 2George Caldwell, « An Island Between Two Cultures: The Residential Indian School » Canadian Welfare, juillet-août 1967, 12–17.
  • 3John Milloy, « Le colonialisme selon la Loi sur les Indiens : un siècle de déshonneur, 1869–1969 », Centre national pour la gouvernance des Premières Nations, 2008, consulté le 8 mai 2015.
  • 4William J. Danaher, « Beyond Imagination: ‘Mutual Responsibility and Interdependence in the Body of Christ’ (1963) and the Reinvention of Canadian Anglicanism », Anglican Theological Review 93, no. 2 (Printemps 2011), 239–240.
  • 5Cité dans Eric Taylor Woods, The Anglican Church of Canada and the Indian Residential Schools, 119.
  • traitéstraités : Un traité est un accord juridiquement contraignant entre deux nations souveraines. Au Canada, différents traités entre les Premières Nations et la Couronne britannique ont été signés au fil des décennies. L'intention de plusieurs traités était de créer un système au sein duquel les Premières Nations allaient partager le territoire avec la société colonisatrice, tout en conservant leur autonomie et leurs droits inhérents au territoire et aux ressources.
  • 6Cité dans Eric Taylor Woods, The Anglican Church of Canada and the Indian Residential Schools, 104–105.
  • 7Martha Troian, « 25 Years Later: The United Church of Canada’s Apology to Aboriginal Peoples » Indian Country Today Media Network.
  • 8Woods, The Anglican Church of Canada and the Indian Residential Schools, 72–75.
  • 9« Phil Fontaine’s Shocking Testimony of Sexual Abuse » archives numériques de la CBC, consultées le 17 novembre 2014.
  • 10« Phil Fontaine’s Shocking Testimony of Sexual Abuse » archives numériques de la CBC, consultées le 17 novembre 2014.
  • SurvivantsSurvivants : Le terme Survivants a d'abord été utilisé pour parler des personnes qui ont survécu à l'Holocauste et à d'autres génocides; plusieurs personnes estiment que les élèves des pensionnats partagent des symptômes semblables à ceux d'autres survivants, notamment le détachement émotif, la culpabilité et le trouble de stress post-traumatique. Utilisé pour la première fois dans les années 1990 pour parler des expériences des élèves autochtones dans le système de pensionnats, ce terme fait également référence aux anciens élèves de ces écoles, des personnes qui ont été victimes de négligence, et de violence physique et sexuelle de la part de leurs supposés enseignants et instructeurs.
  • 11Ronald Niezen, Truth and Indignation: Canada’s Truth and Reconciliation Commission on Indian Residential Schools (Toronto: UTP Ethnographies for the Classroom, 2013), Kindle Locations 545–571.
  • 12« Présentation des excuses de la Conférence oblate du Canada aux Premières Nations du Canada » site Web Speaking My Truth, consulté le 11 septembre 2014. Reproduit avec l'autorisation de la Fondation autochtone de guérison.
  • 13« The Residential School System », site Web UBC Indigenous Foundations, consulté le 11 septembre 2014.
  • 14Selon la commissaire Marie Wilson, communication privée.

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— Claudia Bautista, Santa Monica, Calif